Expansion de l’OTAN,
deploiements de missiles
et nouvelle doctrine militaire
de la Russie
par Rick Rozoff
En quelques jours, l’OTAN a revele ses ambitions. L’Alliance enrole un a un, plus ou moins de force, tous les Etats d’Europe, du Proche-Orient et d’Oceanie dans la guerre sans fin d’Afghanistan. Simultanement, sous le pretexte fallacieux de repondre a une pretendue menace iranienne, elle deploie aux marches de la Russie un systeme d’interception de missiles nucleaires qui detruit l’equilibre strategique avec Moscou et remet en cause le principe du desarmement nucleaire progressif. De son cote, la Russie, se considerant comme directement menacee, relance d’urgence ses alliances et ses programmes d’armement.
Les evenements lies aux questions militaires et de securite en Europe et en Asie ont ete nombreux ce mois-ci. Ils se sont condenses en moins d’une semaine de reunions, de declarations et d’initiatives sur des questions allant du deploiement du bouclier antimissile jusqu’a l’escalade de la plus grande guerre du monde, et allant d’un nouveau systeme de securite pour l’Europe jusqu’a une nouvelle doctrine militaire russe.
Une generation apres la fin de la Guerre froide et presque autant depuis l’eclatement de l’URSS, les evenements de la semaine passee sont evocateurs d’une autre decennie et d’un autre siecle. La guerre de vingt ans ou plus en Afghanistan et les installations controversees de missiles en Europe ont constitue l’actualite dans un monde bipolaire.
Vingt ans apres, alors qu’il n’y a plus d’Union Sovietique, plus de pacte de Varsovie et une Russie considerablement diminuee et tronquee, les Etats-Unis et l’OTAN ont militarise l’Europe a un niveau sans precedent —subordonnant en fait presque tout le continent a un bloc militaire domine par Washington— et ont lance l’offensive la plus vaste en Asie du Sud dans ce qui est deja la plus longue guerre actuelle dans le monde.
Des 44 nations en Europe et dans le Caucase (a l’exclusion des micro-Etats et du pseudo-Etat otanien du Kosovo), seulement six —le Belarus, Chypre, Malte, la Moldavie, la Russie et la Serbie— ont echappe a la mobilisation de leurs citoyens par l’OTAN pour le deploiement sur le front afghan. Ce nombre sera bientot reduit encore.
De ces 44 pays, seulement deux —Chypre et la Russie— ne sont pas membres de l’OTAN ou de son programme de transition de Partenariat pour la Paix, et Chypre est soumise a une pression intense pour se joindre a le second.
Les 4 et 5 fevrier 2010, les 28 ministres de la Defense de l’OTAN au grand complet se sont reunis a Istanbul, en Turquie, pour deux jours de deliberations. Elles se sont concentrees sur la guerre en Afghanistan, le deploiement du bloc militaire au Kosovo et les plans acceleres d’expansion d’un systeme de missiles intercepteurs d’envergure mondiale vers l’Europe de l’Est et le Proche-Orient. Ce rassemblement suivait d’une semaine une reunion de deux jours du Comite militaire de l’OTAN a Bruxelles qui runissait 63 chefs d’etats-majors des nations de l’OTAN et des 35 « pays fournisseurs de troupes », selon la terminologie du bloc, y compris les hauts commandants militaires d’Israel et du Pakistan. Cette conference etait axee sur la guerre afghane et sur le nouveau Concept strategique de l’OTAN qui doit etre formalise officiellement lors d’un sommet de l’Alliance plus tard cette annee.
Le commandant des 150 000 soldats des Etats-Unis et de l’OTAN en Afghanistan, le general Stanley McChrystal, a assiste aux reunions des deux jours. Le secretaire US a la Defense Robert Gates a preside la deuxieme. « L’Afghanistan et la defense anti-missile sont les exemples des nouvelles priorites que sur lesquelles Gates veut que l’OTAN se concentre. » [1]
Comme l’indiquait le nombre de chefs d’etat-major ayant participe aux reunions de Bruxelles —63—, la portee de l’OTAN a ete etendue bien au-dela de l’Europe et de l’Amerique du Nord au cours des dix dernieres annees. Les troupes servant sous le commandement du bloc en Afghanistan proviennent de tout continent peuple, du Proche-Orient et d’Oceanie : l’Australie a le plus gros contingent des non-membres avec plus de 1 500 soldats, et les autres nations non europeennes comme l’Armenie, l’Azerbaidjan, Bahrein, la Colombie, l’Egypte, la Georgie, la Nouvelle Zelande, Singapour, la Coree du Sud et les Emirats arabes unis ont des troupes en Afghanistan ou sont en train d’en envoyer.
Le jour ou a commence la reunion des ministres de la Defense de l’OTAN a Istanbul, le president roumain Traian Basescu a annonce qu’il avait satisfait a la demande de l’administration Obama de baser des missiles intercepteurs US dans son pays. Cette decision est intervenue cinq semaines apres l’annonce que des missiles antibalistiques U.S. Patriot seraient stationnes dans une region de la Pologne a une demi heure de la frontiere la plus occidentale de la Russie.
Le lendemain, le 5 fevrier, c’est-a-dire deux mois apres l’expiration du Traite START [2] entre les Etats-Unis et la Russie reglementant la reduction des armes nucleaires et des systemes de lancement, [3] l’agence de presse russe Interfax a annonce que « le president Dmitri Medvedev a approuve la doctrine militaire decennale de la Russie et les principes de base de sa politique de dissuasion nucleaire. » [4]
La meme source a cite le Secretaire adjoint du Conseil de securite et ancien chef d’etat-major, le general Iouri Baluyevsky, commentant la nouvelle doctrine : « Il est prevu de developper les composants terrestres, maritimes et aeriens de la triade nucleaire…. La Russie a besoin de garantir la coherence de son developpement democratique en utilisant une garantie de stabilite telle que les armes nucleaires, telle qu’une forme de dissuasion strategique…. La Russie se reserve le droit d’utiliser des armes nucleaires uniquement si son existence en tant qu’Etat est mise en danger. » [5]
Le commentaire du quotidien indien The Hindu specifiait que « La doctrine detaille 11 menaces militaires externes a la Russie, dont sept venant de l’Ouest. L’expansion vers l’est de l’OTAN et son insistance pour un role mondial sont identifiees comme la menace numero un pour la Russie. »
L’article ajoutait : « Les U.S.A. sont la source d’autres menaces majeures repertoriees dans la doctrine, meme s’ils ne sont jamais explicitement mentionnes dans le document. Celles-ci incluent les tentatives visant a destabiliser des pays et des regions et a saper la stabilite strategique ; la militarisation accrue des Etats et des mers voisins ; la creation et le deploiement de defense anti-missile strategique, ainsi que la militarisation de l’espace et le deploiement de systemes strategiques non nucleaires de haute precision. »
En ce qui concerne la date choisie pour approuver cette nouvelle strategie militaire russe, l’article la presente comme une reponse aux recentes decisions sur le bouclier antimissile U.S. et aux lenteurs des pourparlers START.
« La nouvelle doctrine de defense a fait l’objet d’une loi qui a ete publiee au lendemain de l’annonce par la Roumanie de son intention de deployer des missiles intercepteurs US dans le cadre d’un bouclier de missiles global auquel la Russie s’oppose farouchement. Des articles anterieurs avaient observe que le Kremlin avait reporte l’approbation de sa doctrine, preparee l’annee derniere, parce qu’il ne voulait pas mettre en peril les negociations START en cours avec les Etats-Unis. » [6]
Une remarque similaire a ete formulee dans une depeche de l’Agence de presse chinoise Xinhua :
« Les analystes disent que la decision roumaine intervient a un moment crucial ou Washington et Moscou sont sur le point de signer un document successeur du Traite de Reduction des Armes Strategiques (START-1) arrive a expiration. Par consequent, la mesure peut bouleverser les relations Russie – Etats-Unis en train de se degeler et mettre a l’epreuve leurs liens bilateraux. » [7]
Sous le titre de « Principales menaces externes de guerre », la nouvelle Doctrine militaire russe [8] a repertorie dans l’ordre decroissant les preoccupations suivantes :
Le fait de s’arroger des prerogatives mondiales en violation du droit international, et d’etendre une infrastructure militaire jusqu’aux frontieres de la Russie, y compris par le biais de l’elargissement d’une alliance militaire ;
La destabilisation de differents Etats et regions, ce qui revient a affaiblir la stabilite strategique ;
Le deploiement de contingents militaires d’Etats (et blocs) etrangers sur les territoires voisins de la Russie et de ses allies, ainsi que dans leurs eaux territoriales ;
L’etablissement et le deploiement de systemes de defense anti-missile strategique qui sapent la stabilite mondiale et violent l’equilibre des forces dans le domaine nucleaire, ainsi que la militarisation de l’espace avec le deploiement d’armes de precision des systemes non nucleaires strategiques ;
Les revendications territoriales a l’encontre de la Russie et de ses allies et l’ingerence dans leurs affaires interieures ;
La proliferation des armes de destruction massive et des lanceurs, augmentant le nombre d’Etats nuclearises ;
La violation par un Etat d’accords internationaux, et l’echec a ratifier et a mettre en œuvre les traites internationaux precedemment signes sur la limitation et la reduction des armes ;
Le recours a la force dans les territoires des Etats riverains de la Russie en violation de la Charte des Nations Unies et des autres normes du droit international ;
L’escalade des conflits armes sur les territoires voisins de la Russie et des nations alliees ;
A la 46eme Conference de Securite annuelle de Munich qui s’est tenue les 6 et 7 fevrier, le secretaire general de l’Alliance Anders Fogh Rasmussen a declare : « Je dois dire que cette nouvelle doctrine ne reflete pas le monde reel », bien que toute lecture objective des neuf points precedents confirme qu’elle depeint le monde exactement tel qu’il est. Malheureusement.
Par exemple, apres que le president de la Roumanie ait revele que les missiles U.S. devraient etre deployes dans son pays, une declaration de son ministere des Affaires etrangeres a precise : « La Roumanie a ete et continue d’etre un promoteur coherent au sein de l’OTAN du projet concernant le developpement progressif et adapte du systeme de defense antimissile en Europe… La decision de prendre part au systeme US est entierement en accord avec ce qui a ete decide a cet egard aux sommets de l’OTAN de Bucarest en 2008 et a Strasbourg-Kehl en 2009.” [9]
Le premier jour de la Conference de Securite de Munich, le ministre russe des Affaires etrangeres Sergei Lavrov a declare que : « Avec la desintegration de l’Union Sovietique et de l’Organisation du Traite de Varsovie une reelle opportunite a emerge pour faire de l’OSCE [Organisation pour la Securite et la Cooperation en Europe] une organisation a part entiere offrant une securite egale a tous les Etats de la region euro-atlantique. Toutefois, cette occasion a ete manquee, parce que le choix a ete fait en faveur de la strategie d’expansion de l’OTAN, qui signifie non seulement preserver les lignes separant Europe au cours de la Guerre froide en des zones ayant des niveaux de securite differents, mais egalement deplacer ces lignes vers l’est. Le role de l’OSCE etait, en fait, reduit au service de cette politique par le biais de la supervision des questions humanitaires dans l’espace post-sovietique. »
Il a continue avec un examen de l’echec des mesures de securite post-Guerre froide en Europe :
« Que le principe de l’indivisibilite de la securite au sein de l’OSCE ne fonctionne pas n’est pas long a prouver. Rappelons-nous le bombardement de la Republique federale de Yougoslavie en 1999, quand un groupe d’Etats membres de l’OSCE, lies par cette declaration politique, a commis une agression contre un autre Etat membre de l’OSCE.
Tout le monde se souvient aussi de la tragedie d’aout 2008 en Transcaucasie, ou un Etat membre de l’OSCE, signataire de divers engagements dans le domaine du non-usage de la force, a recouru a cette force, y compris contre les soldats de la paix d’un autre Etat membre de l’OSCE, en violation non seulement de l’Acte final d’Helsinki, mais egalement de l’accord de maintien de la paix en Georgie-Ossetie du Sud, qui exclut l’utilisation de la force. » [10]
Il etait suivi le lendemain par le secretaire general de l’OTAN, Rasmussen. Non seulement il n’a pas pu repondre a l’accusation que la paix et la securite en Europe ont ete mises en danger par l’avancee implacable de son organisation militaire vers les frontieres de la Russie, mais il a preconise l’implication de l’OTAN au-dela du continent pour englober le monde.
En proclamant qu’ « a l’ere de l’insecurite mondialisee, notre defense territoriale doit commencer au-dela de nos frontieres », Rasmussen a insiste pour que « l’OTAN puisse devenir un forum de consultation sur les questions de securite dans le monde. »
Son discours incluait egalement la demande de « porter la transformation de l’OTAN a un nouveau niveau —en connectant l’Alliance avec le systeme international plus large dans des voies entierement nouvelles—. »
La Russie ne peut pas proposer un systeme de securite commune pour l’Europe, mais l’OTAN peut en ordonner un qui soit international.
Rasmussen s’est felicite que la Force internationale d’assistance a la securite de l’OTAN en Afghanistan « va encore etre renforcee cette annee, avec plus de 39 000 soldats supplementaires, » sur le champ de bataille que l’Occident a ouvert dans ce pays au long martyre.
Non seulement il n’a pas exprime de reserve a propos d’une guerre qui dure depuis 9 ans deja et qui est tous les jours plus meurtriere, mais il l’a celebree comme un modele pour le monde : « Notre experience en Afghanistan (…) m’amene a une [autre] consideration : la necessite de transformer l’OTAN en un forum de consultation sur les questions de securite dans le monde (…) L’OTAN est un cadre qui a deja prouve etre capable de facon unique de combiner la consultation en matiere de securite, la planification militaire et les operations sur le terrain de maniere plus efficace que la somme de ses membres. Encore une fois, regardez l’Afghanistan. » [11]
Konstantin Kosachev, president de la Commission des affaires internationales de la Douma russe, a egalement pris la parole a la conference de securite de Munich : « Je pense que le probleme de l’OTAN aujourd’hui est que l’OTAN se developpe en sens inverse : elle essaie d’agir de plus en plus mondialement, mais elle continue a penser localement…. Des que l’OTAN commence a aller au-dela de ses frontieres, ce n’est plus seulement une affaire interne pour l’OTAN. »
Il a egalement « accuse l’alliance de provoquer le conflit Georgie-Russie en promettant une eventuelle adhesion a Tbilissi…. » [12]
L’actuel vice-Premier ministre et ancien ministre de la Defense russe Sergei Ivanov est egalement intervenu a Munich. A propos des pourparlers START en panne, il a souligne qu’ « Il est impossible de parler serieusement de la reduction des capacites nucleaires lorsqu’une puissance nucleaire travaille a deployer des systemes de protection contre les lanceurs des tetes nucleaires des autres pays ». Il a rappele aux participants a la conference que « La Russie a reduit unilateralement ses arsenaux nucleaires tactiques de 75 % par rapport a leur niveau du debut des annees 1990, mais les Etats-Unis n’y ont pas repondu par une mesure similaire et ont meme refuse de retirer leurs armes d’Europe. » [13]
Deux jours apres la conference de Munich le secretaire du Conseil de securite de la Russie, Nikolai Patrouchev, a reaffirme les inquietudes precedentes de Lavrov et de Kosachev, en indiquant : « Nous doutons serieusement [que la Russie sera plus securisee en raison de l’expansion de l’OTAN.] L’OTAN represente plutot une grave menace pour nous. »
Une tres importante agence de presse russe a ecrit que « Patrouchev a critique l’OTAN pour ses efforts continus d’elargissement, y compris pour ses encouragements aux demandes d’adhesion de la Georgie et de l’Ukraine.
Il a reproche egalement a l’OTAN d’armer et de preparer la Georgie pour une attaque contre l’Ossetie du Sud et l’Abkhazie. Il a affirme que les pays de l’OTAN continuaient de fournir de l’armement a Tbilissi malgre les protestations de la Russie. » [14]
Pour justifier ces preoccupations, la 10eme semaine annuelle de l’OTAN a commence en Ukraine le 9 fevrier et a la meme date le gouvernement de la Georgie « a approuve le Programme national annuel de cooperation avec l’OTAN [PNA] pour 2010 » [15], une initiative lancee par l’OTAN, peu de temps apres l’invasion par la Georgie de l’Ossetie du Sud et de la guerre avec la Russie en aout 2008.
Guerre dans les Balkans, guerre en Asie du Sud, guerre dans le Caucase. Voila le modele de que l’OTAN appelle a reproduire a l’echelle mondiale. Et comme le bloc se deplace encore vers l’est, il apporte dans son sillage des troupes et des equipements militaires, des bases aeriennes et navales et des installations de bouclier antimissile.
Le 9 fevrier, le chef de l’etat-major general des Forces armees de Russie Nicolas Makarov a averti que : « Le developpement et la mise en place du bouclier antimissile (des USA) est dirige contre la Federation de Russie. » [16]
Il a dit aussi « que les differences avec les Etats-Unis a propos du bouclier antimissile etaient en train de bloquer le traite de reduction des armes nucleaires », que « les differences avaient jusqu’a present empeche la signature du traite sur ces armes. » [17]
Se referant encore aux negociations START, il a declare : « Les plans de defense antimissile U.S. constituent une menace pour la securite nationale russe et ont ralenti la progression d’un nouveau traite sur le controle des armes avec Washington ».
Selon les propres termes de Makarov, « Le traite sur les armes strategiques offensives sur lequel nous travaillons actuellement doit tenir compte du lien entre les armes strategiques defensives et offensives. Ce lien est tres etroit, elles sont absolument interdependantes. Il serait faux ne pas prendre en compte la defense antimissile. » [18]
Au debut de la semaine, le porte-parole du ministere russe des Affaires etrangeres Andrei Nesterenko a reitere la demande de son pays que les armes nucleaires tactiques U.S. soient retirees d’Europe. Il a dit que le « retrait des armes tactiques etats-uniennes d’Europe vers les Etats-Unis serait le bienvenu. Il devrait etre accompagne de la demolition complete et irreversible de l’ensemble des infrastructures prenant en charge le deploiement de telles armes en Europe ». Il a reaffirme la position de son pays selon laquelle « Les armes nucleaires doivent etre deployes exclusivement sur le territoire des Etats qui les possedent. » [19]
Six jours apres, pour ajouter au pressentiment de la Russie et pour manifester la reluctance de l’Ouest sur la question, l’ex-secretaire general de l’OTAN George Robertson a ete cite dans la presse turque, exigeant que les ogives U.S. restent en Allemagne. A cette occasion, il a reconnu que les Etats-Unis ont de 40 a 90 armes nucleaires sur la base aerienne d’Incirlik en Turquie. Lord Robertson n’est bien entendu ni allemand, ni etats-unien, mais c’est un ancien patron de l’OTAN et il se considere lui-meme en droit de decider de questions d’une nature aussi grave.
Le 10 fevrier, un haut conseiller de la presidence polonaise, Wladyslaw Stasiak, etait a Washington pour discuter du deploiement imminent de missiles anti-balistiques Patriot Advanced Capability-3 (PAC-3). Il a rencontre les membres du Conseil national de securite U.S et des « experts de l’Heritage Foundation a tendance conservatrice et du Center for International and Strategic Studies. »
Par la suite, il a declare : « Nous avons parle de l’avenir de l’OTAN dans le contexte d’un nouveau concept strategique, ainsi que de l’OTAN d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’article 5 et sa mise en œuvre pratique », c’est-a-dire la clause d’assistance mutuelle. [20]
Le meme jour, un porte-parole du ministere des Affaires etrangeres ukrainien a exprime des preoccupations a propos du deploiement de missiles U.S. dans sa nation sœur de la mer Noire, la Roumanie. « En tant que pays voisin de la Roumanie, nous ne pouvons accepter que les plans U.S. de deploiement de bouclier antimissiles a proximite de notre frontiere passent inapercus, surtout dans la mesure ou certains elements sont censes etre bases en mer Noire. » [21]
Vladimir Voronin, president jusqu’en septembre dernier de la Moldavie, limitrophe a la fois de la Roumanie et de l’Ukraine, a recemment averti que le deploiement de missiles US sur et au large des cotes de la Roumanie « peuvent transformer la Moldavie voisine en une zone de front de premiere ligne » et que « la position de la Roumanie sur le bouclier antimissile U.S. et un soutien aussi ouvert de la part de la direction actuelle moldave pourraient avoir des consequences desastreuses pour la securite dans la region. » [22]
De la sorte, il faisait echo a l’ambassadeur russe a l’OTAN Dmitri Rogozine, qui expliquait deux jours avant : « Les plans U.S. pour baser un systeme de defense antimissile en Europe sont un pretexte pour empieter sur les frontieres de la Russie » et « Les USA sont en train d’utiliser les actions de l’Iran pour mondialiser leur systeme de defense antimissile. » [23]
Quatre jours apres ses precedents commentaires, Voronin declarait pour la Moldavie que « le deploiement d’ABM US en Roumanie ramene l’Europe a la Guerre Froide » et qu’il doutait que « les ABM US soient braques contre la menace iranienne. » [24]
Le Pentagone a ouvert une base radar dans le desert israelien du Neguev en 2008, dotee de plus de 100 hommes. Ses materiels ont une portee de 2 900 milles, soit presque trois fois la distance separant les capitales israelienne et iranienne. Le radar FBX de la base avancee de Nevatim Air Base peut controler toute la partie orientale et une grande partie de la Russie du Sud.
Plus les Etats-Unis et leurs allies de l’OTAN tempeteront contre la pretendue menace iranienne, plus le cordon de missiles intercepteurs occidentaux sera assure autour de la Russie.
Le 10 fevrier, la presse locale a ecrit que « la Republique Tcheque est en discussion avec l’administration Obama pour accueillir un centre de commandement dans le cadre du plan de defense antimissile modifie des Etats-Unis. » [25]
Le jour suivant l’ambassadeur de Chine en Russie, Li Hui, a a reaffirme que « Pekin est preoccupe par les plans [de bouclier antimissile U.S.] qui pourraient perturber l’equilibre strategique et la stabilite actuels et intensifier les tensions ». Caracterisant correctement la veritable portee du projet missile intercepteur etats-unien, « il a soutenu que la creation d’une defense antimissile globale minait les efforts internationaux pour arreter la proliferation nucleaire. » [26]
Ses avertissements, comme ceux de la Russie, ont ete entendus a Washington et parmi ses allies de l’OTAN. Le 12 fevrier la Pologne a approuve un Accord sur l’etat des forces (ASOF) avec les Etats-Unis pour « 100 soldats US devant etre stationnes en Pologne, dans le cadre du bouclier, qui comprendra des missiles Patriot et SM-3. » [27] C’est peut-etre la premiere confirmation que les intercepteurs Standard Missile-3 0 a longue portee embarques sur des navires (et/ou bases au sol) seront deployes avec les missiles Patriot Advanced capacite-3 pres de la frontiere occidentale de la Russie.
Egalement le 12 fevrier, le Premier ministre bulgare Boiko Borisov a revele que les Etats-Unis engageront des pourparlers avec son gouvernement pour placer des composants potentiels de missiles intercepteurs de premiere frappe dans ce pays de la mer Noire. L’ambassadeur etats-unien James Warlick a confirme que les discussions preliminaires ont deja eu lieu. Le chef de l’Etat bulgare a justifie sa volonte de prendre cette mesure risquee en declarant : « Mon opinion est que nous avons a faire preuve de solidarite. Lorsque l’on est membre de l’OTAN, il faut travailler pour la securite collective. » [28]
Considerant tout ce qui precede, le fait que gouvernement russe ait invite l’ancienne secretaire d’Etat des USA Madeleine Albright et sa coterie des « Sages » du « Groupe d’Experts » charge d’elaborer le nouveau concept strategique de l’OTAN a prononcer un expose a l’Institut des relations exterieures de Moscou le 11 fevrier est une farce.
L’OTAN n’est pas le fournisseur de securite internationale qu’elle pretend etre. Elle n’est pas un partenaire de l’organisation des Nations Unies, qu’elle a eclipse et emacule, ni d’aucune autre organisation internationale ou regionale. Elle n’est pas le fondement d’une « alliance des democraties ».
L’OTAN est un pacte offensif, sans loi et meurtrier, qui se reserve unilateralement le droit de repeter son agression armee dans les Balkans et en Asie du Sud sur une echelle mondiale. C’est une menace pour l’humanite.
Rick Rozoff
Diplome de litterature europeenne. Journaliste. Directeur de Stop NATO international.
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Traduction par Andre Comte
[1] Bloomberg News, February 4, 2010
[2] Strategic Arms Reduction Treaty (START).
[3] « With Nuclear, Conventional Arms Pacts Stalled, U.S. Moves Missiles And Troops To Russian Border », par Rick Rozoff, Stop NATO, 22 janvier 2010.
[4] Interfax, 5 fevrier 2010.
[5] Ibid.
[6] « Vladimir Radyuhin, New Russian doctrine sees NATO, U.S. as main threat », The Hindu, 7 fevrier 2010.
[7] Xinhua, 8 fevrier 2010.
[8] Texte disponible en russe uniquement.
[9] Financiarul, 6 fevrier 2010.
[10] Stenogramme de l’]intervention de S.V.Lavrov, Ministre des Affaires etrangeres de la Russie->http://www.ln.mid.ru/brp_4.nsf/7b52…], a la 46e Conference de Munich sur les problemes de la politique de la securite, le 6 fevrier 2010
[11] « Speech by Anders Fogh Rasmussen at the 46th Munich Security Conference », Voltaire Network, February 7, 2010.
[12] Reuters, 7 fevrier 2010.
[13] RIA Novosti, 6 fevrier 2010.
[14] RIA Novosti, 9 fevrier 2010.
[15] Georgia Times, 10 fevrier 2010.
[16] Reuters, 9 fevrier 2010.
[17] Reuters, 9 fevrier 2010.
[18] Associated Press, 9 fevrier 2010.
[19] Itar-Tass, 4 fevrier 2010.
[20] Polish Radio, 10 fevrier 2010.
[21] RosBusinessConsulting, 10 fevrier 2010.
[22] RIA Novosti, 7 fevrier 2010.
[23] Bloomberg News, 5 fevrier 2010.
[24] Voice of Russia, 11 fevrier 2010.
[25] Prague Post, 10 fevrier 2010.
[26] Voice of Russia, 11 fevrier 2010.
[27] Deutsche Presse-Agentur, 12 fevrier 2010.
[28] Reuters, 12 fevrier 2010.
Je ne veux offenser personne !
J’ai lu cet article et je me suis dis que certains diront c’est inadmissible ! d’autres inacceptable ! d’autres encore qu’il s’agit de provocation ! les uns diront ce sont des mensonges ! ou bien pure verite !
Reagissez a cet article, j’aimerais beaucoup connaitre votre avis et que vous me disiez si oui ou non, de tels Articles doivent etre publies ?
Mais quoi qu’il arrive, je prendrais ma decision et me forgerais un avis, qu’apres avoir lu vos reactions. Pour ne pas me pointer une fois de plus la Gueule Enfarinee.
Voici l’article :http://www.voltairenet.org/article164063.html

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Expansion de l’OTAN, deploiements de missiles et nouvelle doctrine militaire de la Russie

Expansion de l’OTAN,
deploiements de missiles
et nouvelle doctrine militaire
de la Russie
par Rick Rozoff
En quelques jours, l’OTAN a revele ses ambitions. L’Alliance enrole un a un, plus ou moins de force, tous les Etats d’Europe, du Proche-Orient et d’Oceanie dans la guerre sans fin d’Afghanistan. Simultanement, sous le pretexte fallacieux de repondre a une pretendue menace iranienne, elle deploie aux marches de la Russie un systeme d’interception de missiles nucleaires qui detruit l’equilibre strategique avec Moscou et remet en cause le principe du desarmement nucleaire progressif. De son cote, la Russie, se considerant comme directement menacee, relance d’urgence ses alliances et ses programmes d’armement.
Les evenements lies aux questions militaires et de securite en Europe et en Asie ont ete nombreux ce mois-ci. Ils se sont condenses en moins d’une semaine de reunions, de declarations et d’initiatives sur des questions allant du deploiement du bouclier antimissile jusqu’a l’escalade de la plus grande guerre du monde, et allant d’un nouveau systeme de securite pour l’Europe jusqu’a une nouvelle doctrine militaire russe.
Une generation apres la fin de la Guerre froide et presque autant depuis l’eclatement de l’URSS, les evenements de la semaine passee sont evocateurs d’une autre decennie et d’un autre siecle. La guerre de vingt ans ou plus en Afghanistan et les installations controversees de missiles en Europe ont constitue l’actualite dans un monde bipolaire.
Vingt ans apres, alors qu’il n’y a plus d’Union Sovietique, plus de pacte de Varsovie et une Russie considerablement diminuee et tronquee, les Etats-Unis et l’OTAN ont militarise l’Europe a un niveau sans precedent —subordonnant en fait presque tout le continent a un bloc militaire domine par Washington— et ont lance l’offensive la plus vaste en Asie du Sud dans ce qui est deja la plus longue guerre actuelle dans le monde.
Des 44 nations en Europe et dans le Caucase (a l’exclusion des micro-Etats et du pseudo-Etat otanien du Kosovo), seulement six —le Belarus, Chypre, Malte, la Moldavie, la Russie et la Serbie— ont echappe a la mobilisation de leurs citoyens par l’OTAN pour le deploiement sur le front afghan. Ce nombre sera bientot reduit encore.
De ces 44 pays, seulement deux —Chypre et la Russie— ne sont pas membres de l’OTAN ou de son programme de transition de Partenariat pour la Paix, et Chypre est soumise a une pression intense pour se joindre a le second.
Les 4 et 5 fevrier 2010, les 28 ministres de la Defense de l’OTAN au grand complet se sont reunis a Istanbul, en Turquie, pour deux jours de deliberations. Elles se sont concentrees sur la guerre en Afghanistan, le deploiement du bloc militaire au Kosovo et les plans acceleres d’expansion d’un systeme de missiles intercepteurs d’envergure mondiale vers l’Europe de l’Est et le Proche-Orient. Ce rassemblement suivait d’une semaine une reunion de deux jours du Comite militaire de l’OTAN a Bruxelles qui runissait 63 chefs d’etats-majors des nations de l’OTAN et des 35 « pays fournisseurs de troupes », selon la terminologie du bloc, y compris les hauts commandants militaires d’Israel et du Pakistan. Cette conference etait axee sur la guerre afghane et sur le nouveau Concept strategique de l’OTAN qui doit etre formalise officiellement lors d’un sommet de l’Alliance plus tard cette annee.
Le commandant des 150 000 soldats des Etats-Unis et de l’OTAN en Afghanistan, le general Stanley McChrystal, a assiste aux reunions des deux jours. Le secretaire US a la Defense Robert Gates a preside la deuxieme. « L’Afghanistan et la defense anti-missile sont les exemples des nouvelles priorites que sur lesquelles Gates veut que l’OTAN se concentre. » [1]
Comme l’indiquait le nombre de chefs d’etat-major ayant participe aux reunions de Bruxelles —63—, la portee de l’OTAN a ete etendue bien au-dela de l’Europe et de l’Amerique du Nord au cours des dix dernieres annees. Les troupes servant sous le commandement du bloc en Afghanistan proviennent de tout continent peuple, du Proche-Orient et d’Oceanie : l’Australie a le plus gros contingent des non-membres avec plus de 1 500 soldats, et les autres nations non europeennes comme l’Armenie, l’Azerbaidjan, Bahrein, la Colombie, l’Egypte, la Georgie, la Nouvelle Zelande, Singapour, la Coree du Sud et les Emirats arabes unis ont des troupes en Afghanistan ou sont en train d’en envoyer.
Le jour ou a commence la reunion des ministres de la Defense de l’OTAN a Istanbul, le president roumain Traian Basescu a annonce qu’il avait satisfait a la demande de l’administration Obama de baser des missiles intercepteurs US dans son pays. Cette decision est intervenue cinq semaines apres l’annonce que des missiles antibalistiques U.S. Patriot seraient stationnes dans une region de la Pologne a une demi heure de la frontiere la plus occidentale de la Russie.
Le lendemain, le 5 fevrier, c’est-a-dire deux mois apres l’expiration du Traite START [2] entre les Etats-Unis et la Russie reglementant la reduction des armes nucleaires et des systemes de lancement, [3] l’agence de presse russe Interfax a annonce que « le president Dmitri Medvedev a approuve la doctrine militaire decennale de la Russie et les principes de base de sa politique de dissuasion nucleaire. » [4]
La meme source a cite le Secretaire adjoint du Conseil de securite et ancien chef d’etat-major, le general Iouri Baluyevsky, commentant la nouvelle doctrine : « Il est prevu de developper les composants terrestres, maritimes et aeriens de la triade nucleaire…. La Russie a besoin de garantir la coherence de son developpement democratique en utilisant une garantie de stabilite telle que les armes nucleaires, telle qu’une forme de dissuasion strategique…. La Russie se reserve le droit d’utiliser des armes nucleaires uniquement si son existence en tant qu’Etat est mise en danger. » [5]
Le commentaire du quotidien indien The Hindu specifiait que « La doctrine detaille 11 menaces militaires externes a la Russie, dont sept venant de l’Ouest. L’expansion vers l’est de l’OTAN et son insistance pour un role mondial sont identifiees comme la menace numero un pour la Russie. »
L’article ajoutait : « Les U.S.A. sont la source d’autres menaces majeures repertoriees dans la doctrine, meme s’ils ne sont jamais explicitement mentionnes dans le document. Celles-ci incluent les tentatives visant a destabiliser des pays et des regions et a saper la stabilite strategique ; la militarisation accrue des Etats et des mers voisins ; la creation et le deploiement de defense anti-missile strategique, ainsi que la militarisation de l’espace et le deploiement de systemes strategiques non nucleaires de haute precision. »
En ce qui concerne la date choisie pour approuver cette nouvelle strategie militaire russe, l’article la presente comme une reponse aux recentes decisions sur le bouclier antimissile U.S. et aux lenteurs des pourparlers START.
« La nouvelle doctrine de defense a fait l’objet d’une loi qui a ete publiee au lendemain de l’annonce par la Roumanie de son intention de deployer des missiles intercepteurs US dans le cadre d’un bouclier de missiles global auquel la Russie s’oppose farouchement. Des articles anterieurs avaient observe que le Kremlin avait reporte l’approbation de sa doctrine, preparee l’annee derniere, parce qu’il ne voulait pas mettre en peril les negociations START en cours avec les Etats-Unis. » [6]
Une remarque similaire a ete formulee dans une depeche de l’Agence de presse chinoise Xinhua :
« Les analystes disent que la decision roumaine intervient a un moment crucial ou Washington et Moscou sont sur le point de signer un document successeur du Traite de Reduction des Armes Strategiques (START-1) arrive a expiration. Par consequent, la mesure peut bouleverser les relations Russie – Etats-Unis en train de se degeler et mettre a l’epreuve leurs liens bilateraux. » [7]
Sous le titre de « Principales menaces externes de guerre », la nouvelle Doctrine militaire russe [8] a repertorie dans l’ordre decroissant les preoccupations suivantes :
Le fait de s’arroger des prerogatives mondiales en violation du droit international, et d’etendre une infrastructure militaire jusqu’aux frontieres de la Russie, y compris par le biais de l’elargissement d’une alliance militaire ;
La destabilisation de differents Etats et regions, ce qui revient a affaiblir la stabilite strategique ;
Le deploiement de contingents militaires d’Etats (et blocs) etrangers sur les territoires voisins de la Russie et de ses allies, ainsi que dans leurs eaux territoriales ;
L’etablissement et le deploiement de systemes de defense anti-missile strategique qui sapent la stabilite mondiale et violent l’equilibre des forces dans le domaine nucleaire, ainsi que la militarisation de l’espace avec le deploiement d’armes de precision des systemes non nucleaires strategiques ;
Les revendications territoriales a l’encontre de la Russie et de ses allies et l’ingerence dans leurs affaires interieures ;
La proliferation des armes de destruction massive et des lanceurs, augmentant le nombre d’Etats nuclearises ;
La violation par un Etat d’accords internationaux, et l’echec a ratifier et a mettre en œuvre les traites internationaux precedemment signes sur la limitation et la reduction des armes ;
Le recours a la force dans les territoires des Etats riverains de la Russie en violation de la Charte des Nations Unies et des autres normes du droit international ;
L’escalade des conflits armes sur les territoires voisins de la Russie et des nations alliees ;
A la 46eme Conference de Securite annuelle de Munich qui s’est tenue les 6 et 7 fevrier, le secretaire general de l’Alliance Anders Fogh Rasmussen a declare : « Je dois dire que cette nouvelle doctrine ne reflete pas le monde reel », bien que toute lecture objective des neuf points precedents confirme qu’elle depeint le monde exactement tel qu’il est. Malheureusement.
Par exemple, apres que le president de la Roumanie ait revele que les missiles U.S. devraient etre deployes dans son pays, une declaration de son ministere des Affaires etrangeres a precise : « La Roumanie a ete et continue d’etre un promoteur coherent au sein de l’OTAN du projet concernant le developpement progressif et adapte du systeme de defense antimissile en Europe… La decision de prendre part au systeme US est entierement en accord avec ce qui a ete decide a cet egard aux sommets de l’OTAN de Bucarest en 2008 et a Strasbourg-Kehl en 2009.” [9]
Le premier jour de la Conference de Securite de Munich, le ministre russe des Affaires etrangeres Sergei Lavrov a declare que : « Avec la desintegration de l’Union Sovietique et de l’Organisation du Traite de Varsovie une reelle opportunite a emerge pour faire de l’OSCE [Organisation pour la Securite et la Cooperation en Europe] une organisation a part entiere offrant une securite egale a tous les Etats de la region euro-atlantique. Toutefois, cette occasion a ete manquee, parce que le choix a ete fait en faveur de la strategie d’expansion de l’OTAN, qui signifie non seulement preserver les lignes separant Europe au cours de la Guerre froide en des zones ayant des niveaux de securite differents, mais egalement deplacer ces lignes vers l’est. Le role de l’OSCE etait, en fait, reduit au service de cette politique par le biais de la supervision des questions humanitaires dans l’espace post-sovietique. »
Il a continue avec un examen de l’echec des mesures de securite post-Guerre froide en Europe :
« Que le principe de l’indivisibilite de la securite au sein de l’OSCE ne fonctionne pas n’est pas long a prouver. Rappelons-nous le bombardement de la Republique federale de Yougoslavie en 1999, quand un groupe d’Etats membres de l’OSCE, lies par cette declaration politique, a commis une agression contre un autre Etat membre de l’OSCE.
Tout le monde se souvient aussi de la tragedie d’aout 2008 en Transcaucasie, ou un Etat membre de l’OSCE, signataire de divers engagements dans le domaine du non-usage de la force, a recouru a cette force, y compris contre les soldats de la paix d’un autre Etat membre de l’OSCE, en violation non seulement de l’Acte final d’Helsinki, mais egalement de l’accord de maintien de la paix en Georgie-Ossetie du Sud, qui exclut l’utilisation de la force. » [10]
Il etait suivi le lendemain par le secretaire general de l’OTAN, Rasmussen. Non seulement il n’a pas pu repondre a l’accusation que la paix et la securite en Europe ont ete mises en danger par l’avancee implacable de son organisation militaire vers les frontieres de la Russie, mais il a preconise l’implication de l’OTAN au-dela du continent pour englober le monde.
En proclamant qu’ « a l’ere de l’insecurite mondialisee, notre defense territoriale doit commencer au-dela de nos frontieres », Rasmussen a insiste pour que « l’OTAN puisse devenir un forum de consultation sur les questions de securite dans le monde. »
Son discours incluait egalement la demande de « porter la transformation de l’OTAN a un nouveau niveau —en connectant l’Alliance avec le systeme international plus large dans des voies entierement nouvelles—. »
La Russie ne peut pas proposer un systeme de securite commune pour l’Europe, mais l’OTAN peut en ordonner un qui soit international.
Rasmussen s’est felicite que la Force internationale d’assistance a la securite de l’OTAN en Afghanistan « va encore etre renforcee cette annee, avec plus de 39 000 soldats supplementaires, » sur le champ de bataille que l’Occident a ouvert dans ce pays au long martyre.
Non seulement il n’a pas exprime de reserve a propos d’une guerre qui dure depuis 9 ans deja et qui est tous les jours plus meurtriere, mais il l’a celebree comme un modele pour le monde : « Notre experience en Afghanistan (…) m’amene a une [autre] consideration : la necessite de transformer l’OTAN en un forum de consultation sur les questions de securite dans le monde (…) L’OTAN est un cadre qui a deja prouve etre capable de facon unique de combiner la consultation en matiere de securite, la planification militaire et les operations sur le terrain de maniere plus efficace que la somme de ses membres. Encore une fois, regardez l’Afghanistan. » [11]
Konstantin Kosachev, president de la Commission des affaires internationales de la Douma russe, a egalement pris la parole a la conference de securite de Munich : « Je pense que le probleme de l’OTAN aujourd’hui est que l’OTAN se developpe en sens inverse : elle essaie d’agir de plus en plus mondialement, mais elle continue a penser localement…. Des que l’OTAN commence a aller au-dela de ses frontieres, ce n’est plus seulement une affaire interne pour l’OTAN. »
Il a egalement « accuse l’alliance de provoquer le conflit Georgie-Russie en promettant une eventuelle adhesion a Tbilissi…. » [12]
L’actuel vice-Premier ministre et ancien ministre de la Defense russe Sergei Ivanov est egalement intervenu a Munich. A propos des pourparlers START en panne, il a souligne qu’ « Il est impossible de parler serieusement de la reduction des capacites nucleaires lorsqu’une puissance nucleaire travaille a deployer des systemes de protection contre les lanceurs des tetes nucleaires des autres pays ». Il a rappele aux participants a la conference que « La Russie a reduit unilateralement ses arsenaux nucleaires tactiques de 75 % par rapport a leur niveau du debut des annees 1990, mais les Etats-Unis n’y ont pas repondu par une mesure similaire et ont meme refuse de retirer leurs armes d’Europe. » [13]
Deux jours apres la conference de Munich le secretaire du Conseil de securite de la Russie, Nikolai Patrouchev, a reaffirme les inquietudes precedentes de Lavrov et de Kosachev, en indiquant : « Nous doutons serieusement [que la Russie sera plus securisee en raison de l’expansion de l’OTAN.] L’OTAN represente plutot une grave menace pour nous. »
Une tres importante agence de presse russe a ecrit que « Patrouchev a critique l’OTAN pour ses efforts continus d’elargissement, y compris pour ses encouragements aux demandes d’adhesion de la Georgie et de l’Ukraine.
Il a reproche egalement a l’OTAN d’armer et de preparer la Georgie pour une attaque contre l’Ossetie du Sud et l’Abkhazie. Il a affirme que les pays de l’OTAN continuaient de fournir de l’armement a Tbilissi malgre les protestations de la Russie. » [14]
Pour justifier ces preoccupations, la 10eme semaine annuelle de l’OTAN a commence en Ukraine le 9 fevrier et a la meme date le gouvernement de la Georgie « a approuve le Programme national annuel de cooperation avec l’OTAN [PNA] pour 2010 » [15], une initiative lancee par l’OTAN, peu de temps apres l’invasion par la Georgie de l’Ossetie du Sud et de la guerre avec la Russie en aout 2008.
Guerre dans les Balkans, guerre en Asie du Sud, guerre dans le Caucase. Voila le modele de que l’OTAN appelle a reproduire a l’echelle mondiale. Et comme le bloc se deplace encore vers l’est, il apporte dans son sillage des troupes et des equipements militaires, des bases aeriennes et navales et des installations de bouclier antimissile.
Le 9 fevrier, le chef de l’etat-major general des Forces armees de Russie Nicolas Makarov a averti que : « Le developpement et la mise en place du bouclier antimissile (des USA) est dirige contre la Federation de Russie. » [16]
Il a dit aussi « que les differences avec les Etats-Unis a propos du bouclier antimissile etaient en train de bloquer le traite de reduction des armes nucleaires », que « les differences avaient jusqu’a present empeche la signature du traite sur ces armes. » [17]
Se referant encore aux negociations START, il a declare : « Les plans de defense antimissile U.S. constituent une menace pour la securite nationale russe et ont ralenti la progression d’un nouveau traite sur le controle des armes avec Washington ».
Selon les propres termes de Makarov, « Le traite sur les armes strategiques offensives sur lequel nous travaillons actuellement doit tenir compte du lien entre les armes strategiques defensives et offensives. Ce lien est tres etroit, elles sont absolument interdependantes. Il serait faux ne pas prendre en compte la defense antimissile. » [18]
Au debut de la semaine, le porte-parole du ministere russe des Affaires etrangeres Andrei Nesterenko a reitere la demande de son pays que les armes nucleaires tactiques U.S. soient retirees d’Europe. Il a dit que le « retrait des armes tactiques etats-uniennes d’Europe vers les Etats-Unis serait le bienvenu. Il devrait etre accompagne de la demolition complete et irreversible de l’ensemble des infrastructures prenant en charge le deploiement de telles armes en Europe ». Il a reaffirme la position de son pays selon laquelle « Les armes nucleaires doivent etre deployes exclusivement sur le territoire des Etats qui les possedent. » [19]
Six jours apres, pour ajouter au pressentiment de la Russie et pour manifester la reluctance de l’Ouest sur la question, l’ex-secretaire general de l’OTAN George Robertson a ete cite dans la presse turque, exigeant que les ogives U.S. restent en Allemagne. A cette occasion, il a reconnu que les Etats-Unis ont de 40 a 90 armes nucleaires sur la base aerienne d’Incirlik en Turquie. Lord Robertson n’est bien entendu ni allemand, ni etats-unien, mais c’est un ancien patron de l’OTAN et il se considere lui-meme en droit de decider de questions d’une nature aussi grave.
Le 10 fevrier, un haut conseiller de la presidence polonaise, Wladyslaw Stasiak, etait a Washington pour discuter du deploiement imminent de missiles anti-balistiques Patriot Advanced Capability-3 (PAC-3). Il a rencontre les membres du Conseil national de securite U.S et des « experts de l’Heritage Foundation a tendance conservatrice et du Center for International and Strategic Studies. »
Par la suite, il a declare : « Nous avons parle de l’avenir de l’OTAN dans le contexte d’un nouveau concept strategique, ainsi que de l’OTAN d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’article 5 et sa mise en œuvre pratique », c’est-a-dire la clause d’assistance mutuelle. [20]
Le meme jour, un porte-parole du ministere des Affaires etrangeres ukrainien a exprime des preoccupations a propos du deploiement de missiles U.S. dans sa nation sœur de la mer Noire, la Roumanie. « En tant que pays voisin de la Roumanie, nous ne pouvons accepter que les plans U.S. de deploiement de bouclier antimissiles a proximite de notre frontiere passent inapercus, surtout dans la mesure ou certains elements sont censes etre bases en mer Noire. » [21]
Vladimir Voronin, president jusqu’en septembre dernier de la Moldavie, limitrophe a la fois de la Roumanie et de l’Ukraine, a recemment averti que le deploiement de missiles US sur et au large des cotes de la Roumanie « peuvent transformer la Moldavie voisine en une zone de front de premiere ligne » et que « la position de la Roumanie sur le bouclier antimissile U.S. et un soutien aussi ouvert de la part de la direction actuelle moldave pourraient avoir des consequences desastreuses pour la securite dans la region. » [22]
De la sorte, il faisait echo a l’ambassadeur russe a l’OTAN Dmitri Rogozine, qui expliquait deux jours avant : « Les plans U.S. pour baser un systeme de defense antimissile en Europe sont un pretexte pour empieter sur les frontieres de la Russie » et « Les USA sont en train d’utiliser les actions de l’Iran pour mondialiser leur systeme de defense antimissile. » [23]
Quatre jours apres ses precedents commentaires, Voronin declarait pour la Moldavie que « le deploiement d’ABM US en Roumanie ramene l’Europe a la Guerre Froide » et qu’il doutait que « les ABM US soient braques contre la menace iranienne. » [24]
Le Pentagone a ouvert une base radar dans le desert israelien du Neguev en 2008, dotee de plus de 100 hommes. Ses materiels ont une portee de 2 900 milles, soit presque trois fois la distance separant les capitales israelienne et iranienne. Le radar FBX de la base avancee de Nevatim Air Base peut controler toute la partie orientale et une grande partie de la Russie du Sud.
Plus les Etats-Unis et leurs allies de l’OTAN tempeteront contre la pretendue menace iranienne, plus le cordon de missiles intercepteurs occidentaux sera assure autour de la Russie.
Le 10 fevrier, la presse locale a ecrit que « la Republique Tcheque est en discussion avec l’administration Obama pour accueillir un centre de commandement dans le cadre du plan de defense antimissile modifie des Etats-Unis. » [25]
Le jour suivant l’ambassadeur de Chine en Russie, Li Hui, a a reaffirme que « Pekin est preoccupe par les plans [de bouclier antimissile U.S.] qui pourraient perturber l’equilibre strategique et la stabilite actuels et intensifier les tensions ». Caracterisant correctement la veritable portee du projet missile intercepteur etats-unien, « il a soutenu que la creation d’une defense antimissile globale minait les efforts internationaux pour arreter la proliferation nucleaire. » [26]
Ses avertissements, comme ceux de la Russie, ont ete entendus a Washington et parmi ses allies de l’OTAN. Le 12 fevrier la Pologne a approuve un Accord sur l’etat des forces (ASOF) avec les Etats-Unis pour « 100 soldats US devant etre stationnes en Pologne, dans le cadre du bouclier, qui comprendra des missiles Patriot et SM-3. » [27] C’est peut-etre la premiere confirmation que les intercepteurs Standard Missile-3 0 a longue portee embarques sur des navires (et/ou bases au sol) seront deployes avec les missiles Patriot Advanced capacite-3 pres de la frontiere occidentale de la Russie.
Egalement le 12 fevrier, le Premier ministre bulgare Boiko Borisov a revele que les Etats-Unis engageront des pourparlers avec son gouvernement pour placer des composants potentiels de missiles intercepteurs de premiere frappe dans ce pays de la mer Noire. L’ambassadeur etats-unien James Warlick a confirme que les discussions preliminaires ont deja eu lieu. Le chef de l’Etat bulgare a justifie sa volonte de prendre cette mesure risquee en declarant : « Mon opinion est que nous avons a faire preuve de solidarite. Lorsque l’on est membre de l’OTAN, il faut travailler pour la securite collective. » [28]
Considerant tout ce qui precede, le fait que gouvernement russe ait invite l’ancienne secretaire d’Etat des USA Madeleine Albright et sa coterie des « Sages » du « Groupe d’Experts » charge d’elaborer le nouveau concept strategique de l’OTAN a prononcer un expose a l’Institut des relations exterieures de Moscou le 11 fevrier est une farce.
L’OTAN n’est pas le fournisseur de securite internationale qu’elle pretend etre. Elle n’est pas un partenaire de l’organisation des Nations Unies, qu’elle a eclipse et emacule, ni d’aucune autre organisation internationale ou regionale. Elle n’est pas le fondement d’une « alliance des democraties ».
L’OTAN est un pacte offensif, sans loi et meurtrier, qui se reserve unilateralement le droit de repeter son agression armee dans les Balkans et en Asie du Sud sur une echelle mondiale. C’est une menace pour l’humanite.
Rick Rozoff
Diplome de litterature europeenne. Journaliste. Directeur de Stop NATO international.
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Traduction par Andre Comte
[1] Bloomberg News, February 4, 2010
[2] Strategic Arms Reduction Treaty (START).
[3] « With Nuclear, Conventional Arms Pacts Stalled, U.S. Moves Missiles And Troops To Russian Border », par Rick Rozoff, Stop NATO, 22 janvier 2010.
[4] Interfax, 5 fevrier 2010.
[5] Ibid.
[6] « Vladimir Radyuhin, New Russian doctrine sees NATO, U.S. as main threat », The Hindu, 7 fevrier 2010.
[7] Xinhua, 8 fevrier 2010.
[8] Texte disponible en russe uniquement.
[9] Financiarul, 6 fevrier 2010.
[10] Stenogramme de l’]intervention de S.V.Lavrov, Ministre des Affaires etrangeres de la Russie->http://www.ln.mid.ru/brp_4.nsf/7b52…], a la 46e Conference de Munich sur les problemes de la politique de la securite, le 6 fevrier 2010
[11] « Speech by Anders Fogh Rasmussen at the 46th Munich Security Conference », Voltaire Network, February 7, 2010.
[12] Reuters, 7 fevrier 2010.
[13] RIA Novosti, 6 fevrier 2010.
[14] RIA Novosti, 9 fevrier 2010.
[15] Georgia Times, 10 fevrier 2010.
[16] Reuters, 9 fevrier 2010.
[17] Reuters, 9 fevrier 2010.
[18] Associated Press, 9 fevrier 2010.
[19] Itar-Tass, 4 fevrier 2010.
[20] Polish Radio, 10 fevrier 2010.
[21] RosBusinessConsulting, 10 fevrier 2010.
[22] RIA Novosti, 7 fevrier 2010.
[23] Bloomberg News, 5 fevrier 2010.
[24] Voice of Russia, 11 fevrier 2010.
[25] Prague Post, 10 fevrier 2010.
[26] Voice of Russia, 11 fevrier 2010.
[27] Deutsche Presse-Agentur, 12 fevrier 2010.
[28] Reuters, 12 fevrier 2010.
Je ne veux offenser personne !
J’ai lu cet article et je me suis dis que certains diront c’est inadmissible ! d’autres inacceptable ! d’autres encore qu’il s’agit de provocation ! les uns diront ce sont des mensonges ! ou bien pure verite !
Reagissez a cet article, j’aimerais beaucoup connaitre votre avis et que vous me disiez si oui ou non, de tels Articles doivent etre publies ?
Mais quoi qu’il arrive, je prendrais ma decision et me forgerais un avis, qu’apres avoir lu vos reactions. Pour ne pas me pointer une fois de plus la Gueule Enfarinee.
Voici l’article :http://www.voltairenet.org/article164063.html

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Postat de pe data de 31 ian., 2010 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 470 ori.

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