Au hameau de Parredon, les Morel sont arrives il y a cinq ans, apres les derniers cours du mois de juin. Au debut, ils avaient installe une tente dans la grange. Ils n’etaient jamais venus dans la region autrement qu’en vacances. La taille des batiments leur faisait un peu peur au depart. Autour d’eux, il y a a peine deux habitations, une residence secondaire et une cabane pour la chasse.
Avant, ils avaient „tout” : les vacances scolaires, chacun un CDI, la maison presque finie. Julie etait monitrice de sport, Cyril, avait un boulot de professeur de judo. Puis les enfants sont arrives. Ils ont eu „des inquietudes par rapport a l’environnement, l’alimentation”. Elle avait 28 ans, lui 32 et ils ont tout abandonne de leur vie a Bagnols-sur-Ceze (Gard).
Peur de l’Escalator
Rien n’etait vraiment prevu. Ils voulaient juste „faire quelque chose dans le rural”, etre „autosuffisants”. Ils avaient a peine cinq hectares de terres biologiques. Un chien de berger, offert par le club de judo, lors du pot d’adieu. Ils ont achete des poules et des chevres, attaque le potager, ramasse les fruits rouges pour vendre des confitures. Mais c’etait „a peine de l’argent de poche pour les filles”. C’est le vieux four qui les a un peu sauves.
Aujourd’hui, les roles sont repartis. Il faut les voir, plein d’amour, lui, brun athletique applique au maniement des pelles et du four. Elle, sportive, grands yeux verts, attraper les pains chauds de la cuisson, France Inter en fond. Trois fois par semaine, Julie fait les marches, lui s’occupe du levain – avec sa deficience visuelle, il ne peut pas conduire. Ils essayent d’en vivre, reinvestissent tout dans les travaux de la batisse.
Leur reve est une bulle a la taille de leur ferme. Il y a Victoire l’ane, Tara l’anesse, plein de chats. Les deux filles, Heloise 6 ans et Pauline, 8 ans, s’enhardissent dans la cour. Julie fabrique sa lessive, descend juste des fois a la cooperative. On leur reproche parfois d’etre „coupes du monde”. L’autre jour, ils sont alles en ville, la petite a eu peur de l’Escalator.
Pas de television pour autant, Julie dit „que les informations ne sont pas toujours tres objectives”. Les elections regionales, ca leur echappe. Elle prefere lire des auteurs decroissants, Pierre Rhabi ou Albert Jacquard. Sinon, s’informer, avec les clients au marche.
La, ils ont rencontre plein d’amis, avec un peu le meme mode de vie. Ils ont le sentiment d’etre dans une tendance de retour aux sources, a la nature. La preuve, la crise, ils n’ont rien „ressenti”, leur demande en pain bio a augmente.
Ils se sentent en phase avec la Confederation paysanne et Europe Ecologie. „Il faut se battre pour qu’il y ait de la terre pour ceux qui s’installent au lieu que les gens s’entassent en ville et soient au chomage.”
Cinq ans deja et ils continuent d’apprendre sur le tas. Ils ont eu des brebis „mais ca prenait trop de temps”. Pour la viande, leurs cinq vaches demandent des hectares qu’ils n’ont pas. Et puis ils ont redecouvert l’echelle des cycles naturels : neuf mois de gestation, deux ans d’engraissement.
Finalement, ce sont les agriculteurs du voisinage qui leur ont „beaucoup appris, on les a bien fait rire”. Dans une aile de la ferme, ils veulent ouvrir un gite.
Prochain article : „Les bals de Yohan et Gaetan, apprentis insouciants”.
Elise Vincent (envoyee speciale)
Article paru dans l’edition du 19.02.10

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Vies de France : Julie, Cyril et le vieux four

Au hameau de Parredon, les Morel sont arrives il y a cinq ans, apres les derniers cours du mois de juin. Au debut, ils avaient installe une tente dans la grange. Ils n’etaient jamais venus dans la region autrement qu’en vacances. La taille des batiments leur faisait un peu peur au depart. Autour d’eux, il y a a peine deux habitations, une residence secondaire et une cabane pour la chasse.
Avant, ils avaient „tout” : les vacances scolaires, chacun un CDI, la maison presque finie. Julie etait monitrice de sport, Cyril, avait un boulot de professeur de judo. Puis les enfants sont arrives. Ils ont eu „des inquietudes par rapport a l’environnement, l’alimentation”. Elle avait 28 ans, lui 32 et ils ont tout abandonne de leur vie a Bagnols-sur-Ceze (Gard).
Peur de l’Escalator
Rien n’etait vraiment prevu. Ils voulaient juste „faire quelque chose dans le rural”, etre „autosuffisants”. Ils avaient a peine cinq hectares de terres biologiques. Un chien de berger, offert par le club de judo, lors du pot d’adieu. Ils ont achete des poules et des chevres, attaque le potager, ramasse les fruits rouges pour vendre des confitures. Mais c’etait „a peine de l’argent de poche pour les filles”. C’est le vieux four qui les a un peu sauves.
Aujourd’hui, les roles sont repartis. Il faut les voir, plein d’amour, lui, brun athletique applique au maniement des pelles et du four. Elle, sportive, grands yeux verts, attraper les pains chauds de la cuisson, France Inter en fond. Trois fois par semaine, Julie fait les marches, lui s’occupe du levain – avec sa deficience visuelle, il ne peut pas conduire. Ils essayent d’en vivre, reinvestissent tout dans les travaux de la batisse.
Leur reve est une bulle a la taille de leur ferme. Il y a Victoire l’ane, Tara l’anesse, plein de chats. Les deux filles, Heloise 6 ans et Pauline, 8 ans, s’enhardissent dans la cour. Julie fabrique sa lessive, descend juste des fois a la cooperative. On leur reproche parfois d’etre „coupes du monde”. L’autre jour, ils sont alles en ville, la petite a eu peur de l’Escalator.
Pas de television pour autant, Julie dit „que les informations ne sont pas toujours tres objectives”. Les elections regionales, ca leur echappe. Elle prefere lire des auteurs decroissants, Pierre Rhabi ou Albert Jacquard. Sinon, s’informer, avec les clients au marche.
La, ils ont rencontre plein d’amis, avec un peu le meme mode de vie. Ils ont le sentiment d’etre dans une tendance de retour aux sources, a la nature. La preuve, la crise, ils n’ont rien „ressenti”, leur demande en pain bio a augmente.
Ils se sentent en phase avec la Confederation paysanne et Europe Ecologie. „Il faut se battre pour qu’il y ait de la terre pour ceux qui s’installent au lieu que les gens s’entassent en ville et soient au chomage.”
Cinq ans deja et ils continuent d’apprendre sur le tas. Ils ont eu des brebis „mais ca prenait trop de temps”. Pour la viande, leurs cinq vaches demandent des hectares qu’ils n’ont pas. Et puis ils ont redecouvert l’echelle des cycles naturels : neuf mois de gestation, deux ans d’engraissement.
Finalement, ce sont les agriculteurs du voisinage qui leur ont „beaucoup appris, on les a bien fait rire”. Dans une aile de la ferme, ils veulent ouvrir un gite.
Prochain article : „Les bals de Yohan et Gaetan, apprentis insouciants”.
Elise Vincent (envoyee speciale)
Article paru dans l’edition du 19.02.10

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Postat de pe data de 31 ian., 2010 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 479 ori.

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