Une production qui redemarre et des effectifs qui restent stables : dans nombre d’usines, la sortie de crise se traduit par une forte hausse de la productivite. Un facteur decisif en Europe pour tenir le choc face a la concurrence des pays emergents. Mais en la matiere, les Etats-Unis ont pris de l’avance.
Arches, dans les Vosges. Une des plus anciennes usines francaises – elle remonte a 1492. On y fabrique divers papiers, utilises notamment comme abrasifs. Il y a un an, avec la crise et le destockage massif dans toute l’industrie, le personnel attendait des commandes qui n’arrivaient pas. Deux machines tournaient au ralenti et une partie des employes s’occupait a peindre celles mises a l’arret. « C’etait particulierement difficile », se souvient Pascal Lebard, patron de Sequana, le proprietaire des lieux. Pour faire face, l’entreprise a alors supprime les postes d’interimaires et demande plus de flexibilite aux salaries permanents : a eux desormais de nettoyer les machines, en plus de les faire fonctionner.
Aujourd’hui, tout a change. Le marche est reparti sur les chapeaux de roue et l’usine marche a plein. Cinq equipes ont ete mises en place au lieu de quatre, mais cela ne suffit pas pour repondre a la demande. Plus question de fermer le week-end, ni cet ete. Les interimaires n’ont pas ete reembauches pour autant. A la place, la direction pense recruter 5 ou 6 personnes en contrat a duree indeterminee. En deux ans, l’usine d’Arches aura ainsi supprime une centaine de postes sur 650. Resultat : « Elle va gagner un peu d’argent cette annee, alors qu’elle en perdait depuis deux ans », assure Pascal Lebard.
L’histoire d’Arches, c’est celle de milliers d’usines dans le monde, en particulier en Europe. Avec la crise, la productivite y a d’abord baisse fortement. Quand la production industrielle a plonge, fin 2008-debut 2009, les chefs d’entreprise n’ont en effet pas sabre tout de suite, ni aussi violemment dans les effectifs. Et lorsqu’ils ont lance des plans sociaux, ceux-ci ont mis du temps a se concretiser. En France, la production par tete dans l’industrie a ainsi chute d’environ 2,9 % en deux ans. « Une nette rupture avec la tendance passee », commente l’Insee, puisque la productivite francaise avait au contraire augmente de 3,5 % par an entre 1997 a 2006.
Retour de balancier
Depuis quelques mois, c’est le retour de balancier. D’un cote, la production industrielle remonte : en mars, elle a progresse de 6,9 % dans la zone euro par rapport a mars 2009. De l’autre, les effectifs sont loin de regrimper autant. Craignant une rechute de l’activite, les industriels ne veulent pas relacher l’effort. Mieux vaut perenniser les systemes inventes dans l’urgence pour etre plus efficace. D’ou le rebond de la productivite par tete. Elle devrait s’ameliorer de 3,8 % dans la zone euro en deux ans, estiment les experts de Natixis. Quitte a ce que les salaries se sentent sous pression…
Compte tenu de la concurrence des pays emergents, « il n’y a pas vraiment le choix, analyse Sylvain Broyer, de Natixis. Le Royaume-Uni peut jouer sur sa monnaie. Mais si les autres grands pays industriels veulent survivre face a la Chine, a l’Inde, etc., ils sont contraints de realiser des gains de productivite superieurs a ce qu’ils faisaient, pour compenser la force de leur monnaie. »
Sur le meme sujet
A Sochaux, PSA compacte son site historique pour etre plus competitif
Les dirigeants de Renault ont fait leurs calculs : en Roumanie, en Russie ou au Maroc, le cout horaire, charges comprises, represente moins de 20 % de celui pratique en France. Dans ces conditions, « soit on fait des efforts de productivite, soit on delocalise », resume Sylvain Broyer. Et souvent les deux.
A ce jeu, les Etats-Unis ont clairement pris de l’avance. Depuis des annees, le pays n’a cesse d’accroitre sa competitivite, en limitant les effectifs et en investissant dans des equipements modernes. Et pendant la crise, l’ajustement de l’emploi a l’activite y a ete beaucoup plus rapide qu’ailleurs. C’est la force et la durete du modele americain : quand ca va mal, les entreprises n’hesitent pas a restructurer. De sorte que la productivite de l’industrie americaine a continue de croitre en 2008 et 2009, alors qu’elle flechissait partout ailleurs. Et le mouvement continue : en rythme annuel, la productivite americaine s’est envolee de plus de 6 % au premier trimestre ! Au bout du compte, les Etats-Unis devraient ainsi avoir ameliore leur productivite d’environ 32 % entre 1995 et 2011, selon les previsions de Natixis. A comparer a une modeste hausse voisine de 14 % en France…
Un ambassadeur pour l’industrie
C’est l’une des retombees des recents etats generaux de l’industrie : le gouvernement s’apprete a creer un poste d’ambassadeur de l’industrie et a y nommer Yvon Jacob, vient d’annoncer le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi.
President du Groupe des federations industrielles, president du conseil de surveillance de Legris Industries, Yvon Jacob est aussi l’une des figures du Medef.
Cet ambassadeur sera charge de promouvoir aupres des autres Etats europeens la strategie industrielle preconisee par la France « en faveur de la competitivite et de la croissance de nos entreprises ». La question de la productivite europeenne sera donc au coeur de ses travaux.

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La sortie de crise fait rebondir la productivite dans les usines

Une production qui redemarre et des effectifs qui restent stables : dans nombre d’usines, la sortie de crise se traduit par une forte hausse de la productivite. Un facteur decisif en Europe pour tenir le choc face a la concurrence des pays emergents. Mais en la matiere, les Etats-Unis ont pris de l’avance.
Arches, dans les Vosges. Une des plus anciennes usines francaises – elle remonte a 1492. On y fabrique divers papiers, utilises notamment comme abrasifs. Il y a un an, avec la crise et le destockage massif dans toute l’industrie, le personnel attendait des commandes qui n’arrivaient pas. Deux machines tournaient au ralenti et une partie des employes s’occupait a peindre celles mises a l’arret. « C’etait particulierement difficile », se souvient Pascal Lebard, patron de Sequana, le proprietaire des lieux. Pour faire face, l’entreprise a alors supprime les postes d’interimaires et demande plus de flexibilite aux salaries permanents : a eux desormais de nettoyer les machines, en plus de les faire fonctionner.
Aujourd’hui, tout a change. Le marche est reparti sur les chapeaux de roue et l’usine marche a plein. Cinq equipes ont ete mises en place au lieu de quatre, mais cela ne suffit pas pour repondre a la demande. Plus question de fermer le week-end, ni cet ete. Les interimaires n’ont pas ete reembauches pour autant. A la place, la direction pense recruter 5 ou 6 personnes en contrat a duree indeterminee. En deux ans, l’usine d’Arches aura ainsi supprime une centaine de postes sur 650. Resultat : « Elle va gagner un peu d’argent cette annee, alors qu’elle en perdait depuis deux ans », assure Pascal Lebard.
L’histoire d’Arches, c’est celle de milliers d’usines dans le monde, en particulier en Europe. Avec la crise, la productivite y a d’abord baisse fortement. Quand la production industrielle a plonge, fin 2008-debut 2009, les chefs d’entreprise n’ont en effet pas sabre tout de suite, ni aussi violemment dans les effectifs. Et lorsqu’ils ont lance des plans sociaux, ceux-ci ont mis du temps a se concretiser. En France, la production par tete dans l’industrie a ainsi chute d’environ 2,9 % en deux ans. « Une nette rupture avec la tendance passee », commente l’Insee, puisque la productivite francaise avait au contraire augmente de 3,5 % par an entre 1997 a 2006.
Retour de balancier
Depuis quelques mois, c’est le retour de balancier. D’un cote, la production industrielle remonte : en mars, elle a progresse de 6,9 % dans la zone euro par rapport a mars 2009. De l’autre, les effectifs sont loin de regrimper autant. Craignant une rechute de l’activite, les industriels ne veulent pas relacher l’effort. Mieux vaut perenniser les systemes inventes dans l’urgence pour etre plus efficace. D’ou le rebond de la productivite par tete. Elle devrait s’ameliorer de 3,8 % dans la zone euro en deux ans, estiment les experts de Natixis. Quitte a ce que les salaries se sentent sous pression…
Compte tenu de la concurrence des pays emergents, « il n’y a pas vraiment le choix, analyse Sylvain Broyer, de Natixis. Le Royaume-Uni peut jouer sur sa monnaie. Mais si les autres grands pays industriels veulent survivre face a la Chine, a l’Inde, etc., ils sont contraints de realiser des gains de productivite superieurs a ce qu’ils faisaient, pour compenser la force de leur monnaie. »
Sur le meme sujet
A Sochaux, PSA compacte son site historique pour etre plus competitif
Les dirigeants de Renault ont fait leurs calculs : en Roumanie, en Russie ou au Maroc, le cout horaire, charges comprises, represente moins de 20 % de celui pratique en France. Dans ces conditions, « soit on fait des efforts de productivite, soit on delocalise », resume Sylvain Broyer. Et souvent les deux.
A ce jeu, les Etats-Unis ont clairement pris de l’avance. Depuis des annees, le pays n’a cesse d’accroitre sa competitivite, en limitant les effectifs et en investissant dans des equipements modernes. Et pendant la crise, l’ajustement de l’emploi a l’activite y a ete beaucoup plus rapide qu’ailleurs. C’est la force et la durete du modele americain : quand ca va mal, les entreprises n’hesitent pas a restructurer. De sorte que la productivite de l’industrie americaine a continue de croitre en 2008 et 2009, alors qu’elle flechissait partout ailleurs. Et le mouvement continue : en rythme annuel, la productivite americaine s’est envolee de plus de 6 % au premier trimestre ! Au bout du compte, les Etats-Unis devraient ainsi avoir ameliore leur productivite d’environ 32 % entre 1995 et 2011, selon les previsions de Natixis. A comparer a une modeste hausse voisine de 14 % en France…
Un ambassadeur pour l’industrie
C’est l’une des retombees des recents etats generaux de l’industrie : le gouvernement s’apprete a creer un poste d’ambassadeur de l’industrie et a y nommer Yvon Jacob, vient d’annoncer le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi.
President du Groupe des federations industrielles, president du conseil de surveillance de Legris Industries, Yvon Jacob est aussi l’une des figures du Medef.
Cet ambassadeur sera charge de promouvoir aupres des autres Etats europeens la strategie industrielle preconisee par la France « en faveur de la competitivite et de la croissance de nos entreprises ». La question de la productivite europeenne sera donc au coeur de ses travaux.

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Postat de pe data de 26 mai, 2010 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 646 ori.

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