Deux ministres français sont attendus jeudi 9 septembre en Roumanie, où les Roms de ce pays dénoncent la stigmatisation de leur communauté
Objectif : déminer le terrain. Pierre Lellouche, le secrétaire d’État aux affaires européennes français, et Éric Besson, le ministre de l’immigration et de l’intégration, sont attendus aujourd’hui à Bucarest pour tenter d’expliquer aux dirigeants roumains une politique qui a conduit à une forte détérioration des relations entre la Roumanie et la France ces dernières semaines. Et ce malgré la visite de deux secrétaires d’État roumains à Paris à la fin du mois dernier. Paris accuse Bucarest de ne pas suffisamment s’impliquer dans l’intégration de ses propres citoyens, tandis que les Roumains soulignent que le problème des Roms doit être traité à l’échelon européen.
Les deux ministres sont attendus de pied ferme par les Roms de Roumanie. Au cri de « liberté, égalité, fraternité, gaz et électricité ! », une centaine de manifestants de cette communauté a manifesté lundi devant l’ambassade de France à Bucarest durant près de deux heures. Chaque participant à ce meeting portait un tee-shirt blanc sur lequel était écrit « Rom pakivalo », qui signifie « Rom honnête » en romani, la langue des Roms.
« La France est le pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Mais aujourd’hui, on voit bien que cette devise n’est pas valable pour tout le monde. Pas pour nous, les Roms, en tout cas, témoignait, dans un français presque parfait, Nicoleta Bitu, une militante. Le plus douloureux dans cette histoire, c’est de sentir que nous n’appartenons à aucun pays. Les Roms vivent depuis des siècles en Europe, et pourtant nous ne sommes toujours pas acceptés. »Des expulsions „injustes” « Moi, j’ai travaillé pendant huit ans en France et je n’étais pas un SDF. Je ne trouve pas normal d’avoir été expulsé. Même pour 300 € », renchérit Liviu, un jeune homme à la barbe bien taillée. Soudain, les cris s’arrêtent. Chaque manifestant se couvre le visage d’une empreinte digitale imprimée sur une feuille blanche. Un geste pour condamner le projet de fichage des Roms rapatriés par la France. Puis les cris reprennent de plus belle : « Stop Sarkozy ! » « Liberté ! »
Une poubelle est apportée. Des produits de marques françaises, comme des bouteilles de vin, des boîtes de conserve ou des cosmétiques, y sont jetés. Ce boycott symbolique veut dénoncer les dérives « racistes » des politiques conduites en France et le non-respect du droit de libre circulation de « tous les citoyens européens ».
« Ces expulsions, même si elles sont pour l’instant opérées d’un pays européen à un autre, peuvent dégénérer très facilement. Aujourd’hui, on peut dire qu’il existe des similitudes entre les politiques fascistes des années 1930 et les mesures prises par la France », estime David Mark, président de l’Alliance civique des Roms de Roumanie.
Il aura fallu plus d’un mois avant que les principales associations de Roms de Roumanie s’organisent et répondent de façon unie aux mesures prises par la France. C’est désormais chose faite et les actions de protestation ne devraient pas s’arrêter là. On assure déjà que toutes les voies légales seront utilisées pour stopper la « politique de criminalisation » du gouvernement français.Eviter la généralisation des mesures françaises « Si la France, qui a une longue tradition du respect des droits de l’homme, s’entête à prendre des mesures populistes qui bafouent clairement l’égalité, nous assistons à un tournant historique dans l’histoire de la construction européenne », note Marian Mandache, l’avocat d’origine rom de l’une des associations les plus actives du pays, Romani Criss : « Notre plus grande peur est que ces mesures servent de modèle pour d’autres pays. »
Pierre Lellouche doit s’entretenir avec le ministre roumain des affaires étrangères, Teodor Baconschi. Un déplacement demain dans un village de Gitans est envisagé. Pour l’Alliance civique des Roms de Roumanie, c’est bien la précarité qui est la principale cause de son émigration vers l’Europe de l’Ouest.
De fait, à Barbulesti, une commune située à une centaine de kilomètres de Bucarest, où plus de 70 % des habitants sont d’origine rom, la majorité est déjà allée au moins une fois en France. Dans la « tziganie », le quartier gitan.

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Les Roms de Roumanie se fâchent contre la France

Deux ministres français sont attendus jeudi 9 septembre en Roumanie, où les Roms de ce pays dénoncent la stigmatisation de leur communauté
Objectif : déminer le terrain. Pierre Lellouche, le secrétaire d’État aux affaires européennes français, et Éric Besson, le ministre de l’immigration et de l’intégration, sont attendus aujourd’hui à Bucarest pour tenter d’expliquer aux dirigeants roumains une politique qui a conduit à une forte détérioration des relations entre la Roumanie et la France ces dernières semaines. Et ce malgré la visite de deux secrétaires d’État roumains à Paris à la fin du mois dernier. Paris accuse Bucarest de ne pas suffisamment s’impliquer dans l’intégration de ses propres citoyens, tandis que les Roumains soulignent que le problème des Roms doit être traité à l’échelon européen.
Les deux ministres sont attendus de pied ferme par les Roms de Roumanie. Au cri de « liberté, égalité, fraternité, gaz et électricité ! », une centaine de manifestants de cette communauté a manifesté lundi devant l’ambassade de France à Bucarest durant près de deux heures. Chaque participant à ce meeting portait un tee-shirt blanc sur lequel était écrit « Rom pakivalo », qui signifie « Rom honnête » en romani, la langue des Roms.
« La France est le pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Mais aujourd’hui, on voit bien que cette devise n’est pas valable pour tout le monde. Pas pour nous, les Roms, en tout cas, témoignait, dans un français presque parfait, Nicoleta Bitu, une militante. Le plus douloureux dans cette histoire, c’est de sentir que nous n’appartenons à aucun pays. Les Roms vivent depuis des siècles en Europe, et pourtant nous ne sommes toujours pas acceptés. »Des expulsions „injustes” « Moi, j’ai travaillé pendant huit ans en France et je n’étais pas un SDF. Je ne trouve pas normal d’avoir été expulsé. Même pour 300 € », renchérit Liviu, un jeune homme à la barbe bien taillée. Soudain, les cris s’arrêtent. Chaque manifestant se couvre le visage d’une empreinte digitale imprimée sur une feuille blanche. Un geste pour condamner le projet de fichage des Roms rapatriés par la France. Puis les cris reprennent de plus belle : « Stop Sarkozy ! » « Liberté ! »
Une poubelle est apportée. Des produits de marques françaises, comme des bouteilles de vin, des boîtes de conserve ou des cosmétiques, y sont jetés. Ce boycott symbolique veut dénoncer les dérives « racistes » des politiques conduites en France et le non-respect du droit de libre circulation de « tous les citoyens européens ».
« Ces expulsions, même si elles sont pour l’instant opérées d’un pays européen à un autre, peuvent dégénérer très facilement. Aujourd’hui, on peut dire qu’il existe des similitudes entre les politiques fascistes des années 1930 et les mesures prises par la France », estime David Mark, président de l’Alliance civique des Roms de Roumanie.
Il aura fallu plus d’un mois avant que les principales associations de Roms de Roumanie s’organisent et répondent de façon unie aux mesures prises par la France. C’est désormais chose faite et les actions de protestation ne devraient pas s’arrêter là. On assure déjà que toutes les voies légales seront utilisées pour stopper la « politique de criminalisation » du gouvernement français.Eviter la généralisation des mesures françaises « Si la France, qui a une longue tradition du respect des droits de l’homme, s’entête à prendre des mesures populistes qui bafouent clairement l’égalité, nous assistons à un tournant historique dans l’histoire de la construction européenne », note Marian Mandache, l’avocat d’origine rom de l’une des associations les plus actives du pays, Romani Criss : « Notre plus grande peur est que ces mesures servent de modèle pour d’autres pays. »
Pierre Lellouche doit s’entretenir avec le ministre roumain des affaires étrangères, Teodor Baconschi. Un déplacement demain dans un village de Gitans est envisagé. Pour l’Alliance civique des Roms de Roumanie, c’est bien la précarité qui est la principale cause de son émigration vers l’Europe de l’Ouest.
De fait, à Barbulesti, une commune située à une centaine de kilomètres de Bucarest, où plus de 70 % des habitants sont d’origine rom, la majorité est déjà allée au moins une fois en France. Dans la « tziganie », le quartier gitan.

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Postat de pe data de 9 sept., 2010 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 932 ori.

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