Trahis par leur direction et l’Etat, ils sont a present dans le collimateur de la justice. Six employes de Continental, tous membres du comite de lutte, ont ete condamnes pour l’exemple entre trois a cinq mois de prison. Ils font appel aujourd’hui devant la cour d’Amiens. Retour sur une lutte exemplaire
« Conti », dernier acte. Six employes de l’usine Continental a Clairoix (Oise), tous membres du comite de lutte, passent aujourd’hui devant la cour d’appel d’Amiens. Ils risquent de trois a cinq mois de prison avec sursis, et 63 000 euros d’amende, pour « destruction en reunion » et « destruction de biens au prejudice de l’Etat », lors de ce que le gouvernement a appele le « saccage de la sous-prefecture de Compiegne ». Constitue partie civile, l’Etat veut condamner ces six-la pour tous les autres. Maniere aussi de mettre l’eteignoir, dans la derniere ligne droite, sur l’une des plus belles luttes de l’annee derniere. Recit.
Pourtant, Ils ont joue le jeu
Chez Continental, cela a barde des le debut. Car, a l’origine du conflit, il y a une trahison. En 2007, la direction avait propose un retour aux 40 heures hebdomadaires, en echange de la promesse tacite de perenniser le site. A cette epoque, l’usine roumaine de Timisoara se developpe et la production baisse a Clairoix. Les 1 120 employes, qui craignent pour leur avenir, votent le retour aux 40 heures. Le 12 mars 2009, a l’annonce du plan social, ca explose d’entree de jeu. Louis Forzy, le patron du site, recoit un drapeau et des œufs en plein visage. Quelques jours plus tard, lors d’un comite d’entreprise, ce sont des bouteilles d’eau et des chaussures qui pleuvent sur la direction. Car, non, les « Conti » ne sont pas des tendres. Avec le temps, ils cultivent meme un cote mauvais garcons, une gouaille abrasive et une faculte a mettre le souk partout ou ils passent. A l’image de leur leader, Xavier Mathieu, surnomme « la grande gueule de l’annee » par son compere Didier Bernard. Quand David Pujadas lui demande s’il appelle ses camarades au calme, Mathieu perd le sien. En manif devant le Medef, il se lache contre « ce syndicat de gros enfoires qui nous fout dehors ». Et ils sont 800 a 900 a lui emboiter le pas, a hurler d’Amiens a Paris, en passant par Compiegne ou Hanovre. Pourtant, des le debut, et malgre leur colere chevillee au corps, les « Conti » ont joue le jeu. Ils ont evite les violences, rencontre les politiques et meme obtenu des gages. Jusqu’a Nicolas Sarkozy qui promet qu’il sera « vigilant au respect des procedures et au respect de la parole donnee ». Mais, a l’arrivee, apres la direction, c’est l’Etat qui se retourne contre eux. Pour autant, les « Conti » n’ont rien lache. S’ils n’ont pas empeche la fermeture du site, ils ont obtenu une prime de depart de 50 000 euros. Continental, qui escomptait une restructuration discount a 57,3 millions d’euros, est contraint de debourser 200 millions d’euros hors couts de depollution et de revitalisation.
une determination contagieuse
Au-dela de l’aspect financier, c’est une lutte lumineuse, exemplaire a plus d’un titre, a laquelle la justice et l’Etat, constitue partie civile, s’attaquent aujourd’hui. Interroges tout au long du conflit par l’Humanite, les « Conti » n’ont cesse de le repeter  : ils en sortent grandis. Laves, bien sur, de l’humiliation d’etre de futurs chomeurs, mais pas seulement. Certains ont decouvert que le syndicalisme ne sert pas seulement a obtenir des cheques vacances  ; d’autres se sont forge une conscience politique. Si la cour d’appel confirmait le jugement, le message sous-jacent serait  : « Ne faites pas comme eux. » Mais, quel que soit le delibere, il est deja trop tard  : la determination contagieuse et la lutte joyeuse des « Conti » ont laisse des traces.
Mehdi Fikri
Notre dossier Automobile

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Une lutte phare trainee a la barre

Trahis par leur direction et l’Etat, ils sont a present dans le collimateur de la justice. Six employes de Continental, tous membres du comite de lutte, ont ete condamnes pour l’exemple entre trois a cinq mois de prison. Ils font appel aujourd’hui devant la cour d’Amiens. Retour sur une lutte exemplaire
« Conti », dernier acte. Six employes de l’usine Continental a Clairoix (Oise), tous membres du comite de lutte, passent aujourd’hui devant la cour d’appel d’Amiens. Ils risquent de trois a cinq mois de prison avec sursis, et 63 000 euros d’amende, pour « destruction en reunion » et « destruction de biens au prejudice de l’Etat », lors de ce que le gouvernement a appele le « saccage de la sous-prefecture de Compiegne ». Constitue partie civile, l’Etat veut condamner ces six-la pour tous les autres. Maniere aussi de mettre l’eteignoir, dans la derniere ligne droite, sur l’une des plus belles luttes de l’annee derniere. Recit.
Pourtant, Ils ont joue le jeu
Chez Continental, cela a barde des le debut. Car, a l’origine du conflit, il y a une trahison. En 2007, la direction avait propose un retour aux 40 heures hebdomadaires, en echange de la promesse tacite de perenniser le site. A cette epoque, l’usine roumaine de Timisoara se developpe et la production baisse a Clairoix. Les 1 120 employes, qui craignent pour leur avenir, votent le retour aux 40 heures. Le 12 mars 2009, a l’annonce du plan social, ca explose d’entree de jeu. Louis Forzy, le patron du site, recoit un drapeau et des œufs en plein visage. Quelques jours plus tard, lors d’un comite d’entreprise, ce sont des bouteilles d’eau et des chaussures qui pleuvent sur la direction. Car, non, les « Conti » ne sont pas des tendres. Avec le temps, ils cultivent meme un cote mauvais garcons, une gouaille abrasive et une faculte a mettre le souk partout ou ils passent. A l’image de leur leader, Xavier Mathieu, surnomme « la grande gueule de l’annee » par son compere Didier Bernard. Quand David Pujadas lui demande s’il appelle ses camarades au calme, Mathieu perd le sien. En manif devant le Medef, il se lache contre « ce syndicat de gros enfoires qui nous fout dehors ». Et ils sont 800 a 900 a lui emboiter le pas, a hurler d’Amiens a Paris, en passant par Compiegne ou Hanovre. Pourtant, des le debut, et malgre leur colere chevillee au corps, les « Conti » ont joue le jeu. Ils ont evite les violences, rencontre les politiques et meme obtenu des gages. Jusqu’a Nicolas Sarkozy qui promet qu’il sera « vigilant au respect des procedures et au respect de la parole donnee ». Mais, a l’arrivee, apres la direction, c’est l’Etat qui se retourne contre eux. Pour autant, les « Conti » n’ont rien lache. S’ils n’ont pas empeche la fermeture du site, ils ont obtenu une prime de depart de 50 000 euros. Continental, qui escomptait une restructuration discount a 57,3 millions d’euros, est contraint de debourser 200 millions d’euros hors couts de depollution et de revitalisation.
une determination contagieuse
Au-dela de l’aspect financier, c’est une lutte lumineuse, exemplaire a plus d’un titre, a laquelle la justice et l’Etat, constitue partie civile, s’attaquent aujourd’hui. Interroges tout au long du conflit par l’Humanite, les « Conti » n’ont cesse de le repeter  : ils en sortent grandis. Laves, bien sur, de l’humiliation d’etre de futurs chomeurs, mais pas seulement. Certains ont decouvert que le syndicalisme ne sert pas seulement a obtenir des cheques vacances  ; d’autres se sont forge une conscience politique. Si la cour d’appel confirmait le jugement, le message sous-jacent serait  : « Ne faites pas comme eux. » Mais, quel que soit le delibere, il est deja trop tard  : la determination contagieuse et la lutte joyeuse des « Conti » ont laisse des traces.
Mehdi Fikri
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Postat de pe data de 31 dec., 2009 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 477 ori.

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