Images tremblantes de l’interrogatoire nerveux d’un couple coince derriere une table: Elena et Nicolae Ceausescu ne se demontent pas, refusent de repondre au militaire qui les interroge et en appellent a l’Assemblee nationale. Nous sommes le 22 decembre 1989. Ces dernieres heures du dictateur roumain et de son epouse ont ete diffusees par les televisions du monde entier.
C’est le point de depart de L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu presente hors competition. Non pas un simple documentaire, selon le realisateur Andrei Ujica, auteur d’une trilogie sur la fin du communisme, mais un film de cinema de trois heures base sur des archives. Pourquoi pas, meme si l’ensemble, compose de milliers d’heures d’images officielles, de propagande et de films personnels de la famille Ceausescu, constitue d’abord un temoignage distancie, froid, du regne du Conducator, de son ascension en 1965 jusqu’a sa chute.
Applique et rigoureux comme un archiviste qui dispose de 1 000 heures pour monter son histoire, Andrei Ujica livre sa copie brute, sorte d’histoire sans paroles sans aucun commentaire, ni reperes dates. Ce qui n’aide pas vraiment a cerner le mystere d’un membre influent du Parti communiste roumain devenu president de la Roumanie.
Rien de spectaculaire dans cette ascension sinon la soumission et la devotion du parti a un homme aussi gris que son eternel pardessus, mais qui entre vite dans son role de pere de la nation ou l’ideal marxiste rime avec bonheur. Il recoit de Gaulle et Nixon, visite la Chine de Mao et Hollywood, s’oppose a l’intervention des Sovietiques en Tchecoslovaquie au nom de la non-ingerence dans les affaires interieures d’un pays. C’est plus un nationaliste qu’un internationaliste socialiste.
Du cauchemar au cabinet de curiosites
On le suit sur les marches, debordant de victuailles, a bord d’un tramway ou visitant des usines et des chantiers. Les foules sont en liesse, les lendemains chantent et la jeunesse commence a danser le twist et le jerk.
La fin du bal sera plus tragique mais auparavant, Ceausescu aura laisse une marque profonde dans le pays, transformant «la conscience communiste en force revolutionnaire». Autrement dit en s’accordant, a lui et a sa femme Elena, les pleins pouvoirs qu’on leur donne sous les bravos. Sous le camarade Ceausescu, le theatre et la litterature seront socialistes et les scientifiques ne travailleront qu’a la commande de l’Etat.
En decouvrant aujourd’hui ces images, ces slogans, ces peuples soumis, on a l’impression de revoir le meme mauvais film. C’etait hier. Le cauchemar a vire au cabinet de curiosites qui font encore froid dans le dos.

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Ceausescu, le mauvais genie des Carpates

Images tremblantes de l’interrogatoire nerveux d’un couple coince derriere une table: Elena et Nicolae Ceausescu ne se demontent pas, refusent de repondre au militaire qui les interroge et en appellent a l’Assemblee nationale. Nous sommes le 22 decembre 1989. Ces dernieres heures du dictateur roumain et de son epouse ont ete diffusees par les televisions du monde entier.
C’est le point de depart de L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu presente hors competition. Non pas un simple documentaire, selon le realisateur Andrei Ujica, auteur d’une trilogie sur la fin du communisme, mais un film de cinema de trois heures base sur des archives. Pourquoi pas, meme si l’ensemble, compose de milliers d’heures d’images officielles, de propagande et de films personnels de la famille Ceausescu, constitue d’abord un temoignage distancie, froid, du regne du Conducator, de son ascension en 1965 jusqu’a sa chute.
Applique et rigoureux comme un archiviste qui dispose de 1 000 heures pour monter son histoire, Andrei Ujica livre sa copie brute, sorte d’histoire sans paroles sans aucun commentaire, ni reperes dates. Ce qui n’aide pas vraiment a cerner le mystere d’un membre influent du Parti communiste roumain devenu president de la Roumanie.
Rien de spectaculaire dans cette ascension sinon la soumission et la devotion du parti a un homme aussi gris que son eternel pardessus, mais qui entre vite dans son role de pere de la nation ou l’ideal marxiste rime avec bonheur. Il recoit de Gaulle et Nixon, visite la Chine de Mao et Hollywood, s’oppose a l’intervention des Sovietiques en Tchecoslovaquie au nom de la non-ingerence dans les affaires interieures d’un pays. C’est plus un nationaliste qu’un internationaliste socialiste.
Du cauchemar au cabinet de curiosites
On le suit sur les marches, debordant de victuailles, a bord d’un tramway ou visitant des usines et des chantiers. Les foules sont en liesse, les lendemains chantent et la jeunesse commence a danser le twist et le jerk.
La fin du bal sera plus tragique mais auparavant, Ceausescu aura laisse une marque profonde dans le pays, transformant «la conscience communiste en force revolutionnaire». Autrement dit en s’accordant, a lui et a sa femme Elena, les pleins pouvoirs qu’on leur donne sous les bravos. Sous le camarade Ceausescu, le theatre et la litterature seront socialistes et les scientifiques ne travailleront qu’a la commande de l’Etat.
En decouvrant aujourd’hui ces images, ces slogans, ces peuples soumis, on a l’impression de revoir le meme mauvais film. C’etait hier. Le cauchemar a vire au cabinet de curiosites qui font encore froid dans le dos.

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Postat de pe data de 20 mai, 2010 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 587 ori.

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