Billet invité Voici un exemple flagrant d’abus en période de crise. Mais avant tout pour bien comprendre faisons le point sur l’état des négociations. D’un coté, nous avons une société américaine, détenue pour plus de 60% par l’état américain, qui essaie de négocier une remise en route de son site (en le rachetant à une de ses anciennes filiales), de l’autre 1050 employés qui veulent garder leur travail, au milieu des syndicats qui essaient de faire leur « job ». Lundi, les employés étaient convoqués pour voter le rabotage d’acquis sociaux (35H et gel des salaires pendant 2 ans), qui était une condition sine qua none pour la reprise du site par GM, après vote positif (plus de 70% pour le oui), tout le monde s’attendait à la bonne nouvelle i.e la reprise du site. Stupeur et consternation avant-hier lorsque le négociateur a annoncé que c’était un premier pas et qu’il y avait de nouvelles conditions pour que la reprise soit effective (sur la partie des paiements des heures majorées et heures supplémentaires au-delà des 1607 heures). Résumons rapidement : GM veut comprimer les coûts salariaux, les employés veulent garder leur travail. Le sujet, qui avance masqué ici, est bien celui de la déflation salariale du coût du travail. Un des arguments qu’avait avancé GM en contrepoint de la « négociation » était le fait qu’un ouvrier mexicain travaillant dans une de leurs usines leur coûtait beaucoup moins qu’un ouvrier français. En 2003, le salaire minimal était de 43,65 pesos par jour (soit moins de 5 euros par jour) dans la capitale, soit un salaire mensuel de 105 € si l’on part sur une base de comparaison de 21 jours. Je ne connais pas les coûts des charges salariale et patronale sur le salaire mais admettons qu’elles soient du même ordre que les nôtres (ce que je ne crois pas), on se retrouverait avec une masse de 210€ par employé. Admettons que GM délocalise au plus proche de nous par souci de proximité avec ses clients. Cela lui coûterait 150€ par employé en Algérie (soit 300 € sur la même base de calcul des charges), ou 114€ en Roumanie (soit 228€ avec le même barème de charge). Et nous ne prenons pas en compte dans la boucle les conditions de travail, les congés, les horaires etc. Au final si les employés acceptent l’ensemble des « conditions » de la direction de GM, ils sauveront sans doute leurs emplois pour quelques temps. Puis d’autres conditions de plus en plus drastiques seront « négociées » pour qu’au final GM parte. Cet exemple flagrant est un cas concret de ce qui est en train de se passer dans notre monde : un refus du partage des bénéfices du Capital , l’employé n’étant vu ici que comme un centre de coût et non pas de bénéfice. Il est clair que le grand patronat n’a qu’une idée en tête : que le salarié lui coûte le moins possible, voire même qu’il soit payé comme un ouvrier chinois et encore ! Il est temps de laisser partir ce genre d’entreprises et au contraire de favoriser le tissu économique des TPE/PME qui sont largement plus créatrices de valeur, puisque fortement implantées dans le tissu économique local. J’ai moi-même dirigé une TPE avec quelques employés pendant 5 ans. Je sais de quoi je parle dans ce domaine, rien n’est fait pour y favoriser l’éclosion de valeurs. Il est largement temps de remettre au cœur de l’entreprise et de la société la valeur de l’ humain , ces dernières années ayant montré que celle-ci n’avait plus aucune importance dans la gestion d’une entreprise ; l’humain n’étant plus qu’une pièce détachée comme une autre, voire du consommable.
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Le cas GM de Strasbourg : travailler plus pour gagner moins, par Sébastien Ruaux

Billet invité Voici un exemple flagrant d’abus en période de crise. Mais avant tout pour bien comprendre faisons le point sur l’état des négociations. D’un coté, nous avons une société américaine, détenue pour plus de 60% par l’état américain, qui essaie de négocier une remise en route de son site (en le rachetant à une de ses anciennes filiales), de l’autre 1050 employés qui veulent garder leur travail, au milieu des syndicats qui essaient de faire leur « job ». Lundi, les employés étaient convoqués pour voter le rabotage d’acquis sociaux (35H et gel des salaires pendant 2 ans), qui était une condition sine qua none pour la reprise du site par GM, après vote positif (plus de 70% pour le oui), tout le monde s’attendait à la bonne nouvelle i.e la reprise du site. Stupeur et consternation avant-hier lorsque le négociateur a annoncé que c’était un premier pas et qu’il y avait de nouvelles conditions pour que la reprise soit effective (sur la partie des paiements des heures majorées et heures supplémentaires au-delà des 1607 heures). Résumons rapidement : GM veut comprimer les coûts salariaux, les employés veulent garder leur travail. Le sujet, qui avance masqué ici, est bien celui de la déflation salariale du coût du travail. Un des arguments qu’avait avancé GM en contrepoint de la « négociation » était le fait qu’un ouvrier mexicain travaillant dans une de leurs usines leur coûtait beaucoup moins qu’un ouvrier français. En 2003, le salaire minimal était de 43,65 pesos par jour (soit moins de 5 euros par jour) dans la capitale, soit un salaire mensuel de 105 € si l’on part sur une base de comparaison de 21 jours. Je ne connais pas les coûts des charges salariale et patronale sur le salaire mais admettons qu’elles soient du même ordre que les nôtres (ce que je ne crois pas), on se retrouverait avec une masse de 210€ par employé. Admettons que GM délocalise au plus proche de nous par souci de proximité avec ses clients. Cela lui coûterait 150€ par employé en Algérie (soit 300 € sur la même base de calcul des charges), ou 114€ en Roumanie (soit 228€ avec le même barème de charge). Et nous ne prenons pas en compte dans la boucle les conditions de travail, les congés, les horaires etc. Au final si les employés acceptent l’ensemble des « conditions » de la direction de GM, ils sauveront sans doute leurs emplois pour quelques temps. Puis d’autres conditions de plus en plus drastiques seront « négociées » pour qu’au final GM parte. Cet exemple flagrant est un cas concret de ce qui est en train de se passer dans notre monde : un refus du partage des bénéfices du Capital , l’employé n’étant vu ici que comme un centre de coût et non pas de bénéfice. Il est clair que le grand patronat n’a qu’une idée en tête : que le salarié lui coûte le moins possible, voire même qu’il soit payé comme un ouvrier chinois et encore ! Il est temps de laisser partir ce genre d’entreprises et au contraire de favoriser le tissu économique des TPE/PME qui sont largement plus créatrices de valeur, puisque fortement implantées dans le tissu économique local. J’ai moi-même dirigé une TPE avec quelques employés pendant 5 ans. Je sais de quoi je parle dans ce domaine, rien n’est fait pour y favoriser l’éclosion de valeurs. Il est largement temps de remettre au cœur de l’entreprise et de la société la valeur de l’ humain , ces dernières années ayant montré que celle-ci n’avait plus aucune importance dans la gestion d’une entreprise ; l’humain n’étant plus qu’une pièce détachée comme une autre, voire du consommable.
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Postat de pe data de 23 iul., 2010 in categoria România în lume. Poti urmari comentariile acestui articol prin RSS 2.0. Acest articol a fost vizualizat de 653 ori.

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